Final Fantasy IX est un hommage à la série. On peut le voir grâce à de nombreuses références aux anciens épisodes. Il se positionne comme une sorte de « retour aux sources » après deux épisodes plus futuristes avec à leur tête Nomura. La plus grande référence se retrouve à travers le personnage de Garland, qui tient une place importante dans le déroulement du scénario. Il y a de grandes chances que ce nom vous parle car il fait écho au tout premier ennemi principal de la saga.
Dans FF9, Garland a été créé par les habitants de Terra, qu'on peut apercevoir à Pandémonium, pour s'assurer de la survie de la planète. Celle-ci survit en effet depuis des millénaires en absorbant la vie d'autres planètes. 5 000 ans avant le début de l'aventure Terra va tenter de fusionner (ou plutôt d'absorber) Héra mais cela ne va pas du tout fonctionner. Non seulement Héra sera en partie dévastée par cet évènement mais en plus Terra se retrouvera piegée à l'intérieur de la jeune planète. Mais Garland mettra tout en oeuvre pour finaliser le processus peu importe quels seront les obstacles.
Pour y parvenir, il va créér les génomes, être puissants, destinés à régner sur Terra lorsque la fusion sera effective et planter la graine de l'Ifa, qui empêchera l'âme des défunts du monde de Héra de retourner à la planète, ce qui a pour objectif de fragiliser son cristal et donc de s'assurer de la fusion des deux planètes. Il va également donner naissance à Kuja, un génôme plus puissant que les autres avec comme mission de semer le chaos sur Héra. Celui-ci est chargé de répandre la haine et le conflit sur Héra, ce qui n'est pas très dur étant donné les énormes rivalités entre les cités de Lindblum et d'Alexandrie, et de déclencher le plus de morts possibles pour perturber toujours plus le flux de la vie de Héra. Mais il considérera rapidement Kuja comme une expérience ratée, il limitera donc sa durée de vie et créera un nouveau génôme pour pallier aux limites du premier modèle : Djidane. Kuja, jaloux, finira par kidnapper Djidane et l'abandonner sur Héra où il sera adopté par la bande des Tantalas. Garland bannira Kuja de Terra pour le punir.
Toute l'histoire qui précède celle que vous connaissez tourne fondamentalement entre la vie (la naissance des génômes, la création des planètes, la régénération...) et la mort (fusion des planètes au profit d'une seule, la création d'êtres à durée de vie limitée...). Mais Final Fantasy IX est surtout une ode à la Vie avec un V majuscule, celle qui va de la naissance jusqu’à la mort (comment imaginer la Vie sans la Mort ?). Une volonté d’exister et d’apprécier le chemin et non de s’attrister sur le dénouement funeste qui attend tous les êtres vivants.
Ce chemin, Djidane Tribal (héro de notre histoire) l’arpente comme il l’entend. Son âme est aussi pure que du cristal, il a le cœur sur la main, n'hésitant pas à protéger et défendre les autres. Il fait tellement preuve d'indulgence envers ses ennemis qu’il va jusqu’à les épargner, même quand ces derniers veulent le tuer. Mais il possède également un don lui permettant de gagner la sympathie des autres ou de transformer les personnages qui croisent sa route. Steiner, Tarask, Beate et même Kuja. Ils évolueront tous au contact de Djidane. Un personnage pour qui la vie mérite toujours d'être vécue.
Ces aspects de personnalité sont également présents dans le développement de quelques héros de shonen et particulièrement dans San Goku, le héro de Dragon Ball. Mais l’analogie ne s’arrête pas là, tout comme Goku, Djidane est issu d’un peuple d’une autre planète. Il est pourvu d’une queue de singe et ne découvrira ses réelles origines qu’au travers son « frère » Kuja (ou Raditz pour Goku). Enfin, lorsqu’il est poussé dans ses derniers retranchements, il fait appel à ses dernières ressources et se « transforme ». Kuja sera, tout comme Végéta, affreusement jaloux de son « frère », recherchant également cette force. Il atteindra également sa nouvelle forme au bord de la mort. D'ailleurs, Garland mourra de la main de Kuja en transe, mais son âme survivra quelque temps pour révéler à Kuja sa mort prochaine et aider Djidane à le vaincre rappelant l'intervention de Goku lors de l'affrontement de Gohan et Cell.
On pourrait se dire que le thème principal du jeu est plutôt la mort, qui tient une place essentielle au coeur du scénario (fusion des planètes, guerres entre Lindblum et Alexandrie, destruction de Clayra, durée de vie limitée des mages noirs...). On la retrouve régulièrement au coeur des pensées et réflexions de Vivi qui, à de nombreuses reprises, verra ses congénères mourir (on retiendra en particulier la scène où le troisième valseur fait un carnage sur l’airship). Il ne cesse de se demander ce qu’est la mort, ce qu’elle produit, ce qu’elle fait ressentir.
« Vivre, c’est prouver qu’on vit ? » se demande-t-il. Une question pleine de sens qui prend racine dans l’expression de l’identité et du « moi ». Vivi, malgré son statut d’enfant de 9 ans, est celui qui se pose le plus de questions existentielles, tentant une approche réfléchie de tout ce qui l’entoure.
On en arrive alors à l’inéluctabilité de ce que la mort implique : la peur. Kuja, pour revenir à lui, la ressentira durant toute la fin du jeu et c’est lui qui, en quelque sorte, réveillera Darkness. Après avoir lancé Ultima sur toute l’équipe de héros et dans l’unique but de les faire mourir avec lui, Kuja tombera dans les racines de l’Ifa, laissant les héros au bord de la mort. Ces derniers se confrontent alors à leur propre peur, et ainsi apparaît Darkness, stimulé aussi par la défaite de Kuja face à son propre égo.
Le dernier boss expose alors son discours d’un tact et d’une finesse exemplaires. Mais Djidane et sa bande ne peuvent perdre maintenant, pas après tout ce qu’ils ont vécu. L’Ultima de Kuja ne les a pas achevés, ils doivent maintenant vaincre leur pire ennemi, la peur de la mort elle-même. Le combat qui s’en suit se détermine nettement plus par le symbolisme qu’il impose que par le fait d’affronter un adversaire « réel ».
Les héros n’ont plus rien à perdre et se doivent de vaincre leur peur la plus primaire. Une symbolisation évidente du combat éternel et quotidien contre cette peur de la mort qui nous envahit tous, cette fatalité contre laquelle on ne peut pas lutter. La présence de Darkness en tant que dernier boss est donc indispensable à l’enjeu de la narration qui, après avoir abordé de nombreux thèmes philosophiques, se devait de s’achever par une victoire symbolique sur la peur de la mort. Darkness conclut sa défaite avec ambiguïté, en précisant clairement qu’il sera toujours présent tant que la vie existera dans le monde. Mais, désormais, nos héros n’ont plus peur, ils abordent la vie avec aisance et bonheur, et le trépas ne constitue plus une fatalité (comme Kuja semblait le croire) mais comme une continuité. On retrouve ainsi un Vivi heureux d’avoir vécu tant d’aventures avec ses amis, d’avoir découvert le sens de la vie et de l’amitié (en résulte le très beau discours final juste avant la dernière pièce de théâtre). Il meurt heureux, sans souci vis-à-vis de la mort.
La vie est une mélodie, une succession de souvenirs et d’instants qui forgent ce que l’on est. « Même si chaque destin est éphémère, aussi longtemps que tu vis, la vie continue éternellement tant que tu en as la force ». Paroles de Melodies of Life, la chanson de fin de FFIX accompagnant les « fils » de Vivi dans ce nouveau monde… Le jeu ne se terminera pas sur cette image positive, Darkness l'avait prédit, la mort est inéluctable. La dernière image sera la fusion des planètes Terra et Hera. Nos héros, ainsi que l'ensemble des personnages rencontrés vont disparaître dans cette catastrophe mais ils n'ont plus peur et ont accepté que tout se termine ainsi. Le plus important, c'est de se dire qu'ils ont vécu.
Final Fantasy IX constitue le dernier opus sur lequel a travaillé activement le créateur de la série Hironobu Sakaguchi. Dans cette fusion entre Terra et Hera, on peut ainsi y voir la fusion entre la vision passée des Final Fantasy de l'ère Nintendo et la vision futuriste des premiers épisodes de l'ère Sony. C'est la fin d'un développement et d'une vision de son créateur original et la promesse d'un futur pour la série, incertain mais Sakaguchi n'a désormais plus peur de la mort de son "bébé" car il laisse un beau parcours derrière lui pour les prochaines générations qui travailleront sur la saga.
Le 17/05/2021 à 16:28:42
C'est après avoir fait cet opus plusieurs fois que j'ai compris le message de ce jeu. Tous les petits détails de l'aventure qui en font un final aussi émouvant qu'effroyable. Ce Final Fantasy est la pour vous repousser dans vos retranchements et vous place dans une situation bien inconfortable sur vos dernières heures de jeu ! Un chef d'œuvre selon moi et ce dossier retranscris très bien ce sentiment. Bravo
Le 17/05/2021 à 15:17:45
Alors le dossier est d'une justesse incroyable, très bien expliqué, et le parallèle Final Fantasy /Dragon Ball est tout aussi juste. J'ai aussi ressenti la fin de FFIX comme la fin du travail de Sakaguchi pour la saga. Une sorte d'épitaphe, le "Pourtant, La Vie Continue" de Final Fantasy.
Et tu as confirmé mes doutes, c'est bien Bibi qui parle en off à la fin... C'est censé me rassurer en fait, mais bizarrement, je me sens amer. La mort me glace le sang plus encore qu'avant.
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