1997: Final Fantasy VII est le chef de file du renouveau artistique du RPG, et plus généralement du jeu-vidéo. Néanmoins, la méthode est simple et déjà connue. Faire un jeu de rôle de grande qualité - qui présente la particularité de raconter une histoire sous forme de jeu fleuve, affichant souvent plusieurs dizaines d'heures de jeu -, et révolutionner le milieu en utilisant les capacités de la console comme jamais auparavant. Fianl Fantasy VII, c'est donc avant tout un scénario. Un long scénario sinueux, complexe, profond. FFVII, ce sont des personnages charismatiques, attachants, ayant chacun leur histoire, longue et passionnante. FFVII, enfin, c'est un traitement narratif propre au RPG japonais; là où le joueur peut être amené à perdre la main des dizaines de minutes, en assistant passivement à un évènement narratif qui ne sera pas sans rappeler le cinéma. Chronologiquement plus proche du film FFX, X-2 et XII, ont une qualité graphique et sonore (avec notamment l'introduction des voix et un nouveau format pour les musiques) qui a permis au jeu-vidéo de se rapprocher du niveau du cinéma.
L'élève s'est donc toujours inspiré du maître, au point de développer nombre de caractéristiques mimant littéralement le septième art. Final Fantasy VII fut l'un des premiers J-RPG à fournir une telle qualité d'un point de vue réalisme, puisque pour la première fois, les capacités d'une console (la Playstation) permettaient l'insertion de musiques proche du cinéma (One-Winged-Angel, le thème de combat contre Sephiroth, est comparable à un mini-opéra), mais également de scènes dites cinématiques qui auront quasiment surpassé les films d'animations de l'époque. Final Fantasy VII devint une icône , celle du renouveau créatif et graphique du jeu-vidéo sur console.
Après une aventure désastreuse sur le plan financier mais magnifique sur le plan artistique et créatif (Final Fantasy: Les Créatures de l'esprit, 2001), Square devenu Square Enix revient, mais ne songera plus à convertir le grand public des quatre coins du monde, dans une symphonie filmique façon Hollywood. Advent Children ne sera donc ni un film original, ni un film occidentalisé Une suite, pure et simple, d'un jeu. Mais pas n'importe lequel, c'est bien évidemment de Final Fantasy VII dont il est question. L'un des plus profonds de toute la saga, mais également l'un des plus populaires, y compris au Japon.
Poursuivant le scénario du jeu vidéo Final Fantasy VII, mais se déroulant deux ans après les événements survenus à la fin de ce dernier, Final Fantasy VII : Advent Children nous plonge à nouveau dans ce monde atypique tant apprécié des fans. Deux années se sont donc écoulées depuis que Cloud a tué Sephiroth (même s'il reste toujours tourmenté par sa présence et par la mort de son ami Zack et d'Aeris) et que le Météore a été détruit grâce à la Rivière de la Vie. Depuis tous ces évènements beaucoup de choses ont changé La Shinra n'existe plus, Rufus se trouvant en haut de la tour Shinra lors de sa destruction, ainsi que tout ce qui touche de près ou de loin à cette entreprise en particulier le SOLDAT. Les héros du jeu, n'ayant plus de raison de se battre, ont dû s'orienter dans d'autre voies professionnelles. On a, par exemple, Cloud et Tifa qui travaillent dans l'entreprise de livraison qu'ils ont créée; Cloud en tant que livreur et Tifa en tant que secrétaire. Ce duo a également décidé de s'occuper de plusieurs orphelins dont l'un d'entre eux, Denzel, aura une place prépondérente dans l'histoire et sera l'ami de Marlène. Cette dernière étant garder par Cloud et Tifa pendant que son père, Barret, part à la recherche de gisement de pétrole.
Cependant, une nouvelle menace apparait progressivement. Midgar est détruite ; la ville d'Edge est construite sur une partie de ses ruines. La population vit dans une pauvreté relative, et laisse dans les rues des dizaines d'enfants tombant malade (y compris Denzel). Cette étrange maladie, appelée Geostigma, se caractérise par des tâches brunes sur le corps. Le syndrome est très douloureux et les condamne tous à une mort certaine. Les causes en sont inconnues mais tout porte à croire qu'il y est un rapport avec les événements qui se sont passés deux ans plus tôt. Trois personnes vivant recluses, Kadaj, Yazoo et Loz, semblent détenir la solution. Ils ne font aucunement partie de l'aventure d'origine mais ils ressemblent fortement à Sephiroth. Ces êtres qu'on appel "Incarnés" se révèlent profondément hostiles, particulièrement envers celui qu'ils appèlent "grand frère", Cloud. Ce dernier, devra donc se battre régulièrement avec ce trio. Progressivement, les Incarnés dévoileront leur convoitise : leur "mère", qui se trouve être représentée par la tête de Jenova que Sephiroth avait jadis arrachée au réacteur du mont Nibel.
Double mission pour Nobuo Uematsu et ses arrangeurs tout droit issus du groupe Black Mages, puisque sur Advent Children, le but fut non seulement de composer pour un film tiré d'un jeu à succès (donc très attendu), mais également de perpétuer une certaine nostalgie à travers des reprises de motifs déjà connus des joueurs. Quoi de plus beau que d'inclure, sur le la bande originale, trois morceaux provenant de l'album Piano Collections de Final Fantasy VII, les thèmes de Tifa, d'Aeris et de combat ? Une façon élégante et artistique de jouer avec nos sentiments. Mais le plus impressionnant se trouve néanmoins dans les thèmes méconnus. The Promised Land, ouvrant la narration du film, est un chant religieux en latin écrit par Tetsuya Nomura et mis en musique par Uematsu, d'une beauté et d'une profonde tristesse particulièrement éloquente... Et le film débute. Battements de coeur. Nappes sonores inquiétantes d'un violoncelle. Piano cristallin et répétitif. Le morceau éclate dans une chevauchée sauvage à dos de moto, avec envolée de guitare électrique.
La BO fait aussi percer au grand jour le talent d'Uematsu, avec un piano brillament troublant dans Sign. Nous noterons malgré tout que la majorité de la bande originale s'inscrit sous le signe des Black Mages: grosse guitare électrique, batterie, nappes électroniques; après tout, nous sommes bien face à un film d'action. Divinity I et II font appel à des choeurs très impressionnants dans un registre des plus sidérants, allant même jusqu'à inclure quelques notes du thèmes d'Aeris; nostalgie ! Le thème de JENOVA fait aussi son apparition, mais nous n'attendions pas moins. La grosse attente, en revanche, venait bien sûr de One Winged Angel, le thème de combat de Sephiroth. Et bien, il s'agit ici de la version symphonique à la note près, mais où certaines séquences sont judicieusement remplacées par une guitare et une batterie disons très énervées. Les choeurs, scandant le nom de Sephiroth sont plus amples et le résultat est bien évidement à mourir de plaisir.
Enfin, mention spéciale au thème d'Advent Children, Cloud Smiles, où le duo Uematsu/Hamaguchi réussit une dernière fois à nous arracher une larme.
Nous voilà sans conteste au coeur du film, dans ce qui fait son essence. Il s'agit de deux éléments inséparables l'un de l'autre. D'un côté, la mise en scène, le travail du réalisateur. De l'autre, la qualité technique du métrage, qui est, rappelons-le, celle d'un film en images de synthèse. Et les deux sont grandement liés, car la mise en scène a besoin d'une qualité technique à la hauteur pour pouvoir s'exprimer et la qualité technique s'appuie sur la mise en scène pour transcender ses effets les plus spectaculaires et impressionnants.
Connaissant les studios Square Enix, il ne fait aucun doute que la qualité technique a toutes les chances d'être au rendez-vous. Aussi, le film est beau, très beau. Et cela remplit un crêneau peu utilisé dans les films en images de synthèse : le photoréalisme typé animé Là où "Final Fantasy - Les créatures de l'esprit" trouvait ces limites dans l'ultra-réalisme, Advent Children : Final Fantasy VII parvient à conserver une qualité technique équivalente tout en se libérant du carcan du réalisme et il se permet ainsi des extravagances visuelles les plus folles permettant un rendu plus stylisé.
De son côté le metteur en scène à intégré les avantages que lui procure l'image de synthèse, à savoir : la capacité de briser les limites qu'impose la présence d'une caméra et l'absence d'acteurs fais de chair et d'os. Cela à pour effet d'assumer toutes les idées de mise en scène du réalisateur. FFVII AC a donc permit d'offrir de nouveaux codes à la mise en scène du cinéma d'action. Grâce à une gestion intelligente de l'espace, les plans-séquences aux mouvements de caméra les plus inimaginables succèdent à un montage ultra-rapide avec des angles de caméra improbables en réalité. Et c'est là où les scènes d'action bousculent les codes du genre.
Les scènes spectaculaires se succèdent à un rythme effréné ce qui n'empêche pas FFVII AC de conserver une lisibilité dans ses scènes d'action malgré les plans courts. Mais un montage frénétique ne suffit pas et c'est dans ses effets de contre-pied que l'OAV s'impose comme un des meilleurs des films d'action en images de synthèse : ralentis calculés, changement de rythme, angles de caméra décalant les repères du spectateur tout en conservant une maîtrise parfaite de l'espace défini. Le tout étant toujours "scripté" de bien bel manière. Tetsuya Nomura et Takeshi Nozue réalisent donc un fantasme fou et absolu : retrouver les ambiances visuelles et les combats spectaculaires propres au jeu vidéo d'origine.
Plus que jamais, les jeux-vidéo innovent. Innovent dans leur propre créneau, à savoir l'industrie du divertissement électronique. Cependant, un Final Fantasy n'aura pas seulement la démarche de faire de la qualité en tant que jeux, mais aussi, de plus en plus, en tant qu'oeuvres narratives. Les jeux-vidéo à narration empruntent donc au cinéma, mais en gardant leurs propres codes; ceux du jeu, où le publique interagit sur l'aventure, là où, au cinéma, il ne fait que la subir. Final Fantasy VII: Advent Children n'a pas la vocation de faire de l'ombre au cinéma, néanmoins il peut se targuer d'offrir une véritable avancée dans le rendue graphique tout en adoptant des prises de vues dignes des plus grands et, bien évidemment, une bande-son à la hauteur des oeuvres de John Williams, Hans Zimmer ou encore Marco Beltrami. Advent Children n'est certes qu'un film pour fans, mais il prouve qu'après une longue période de gestation, le jeu-vidéo est désormais assez mûre pour s'étendre à tous les domaines.
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